Voilà, la phase de groupe est terminée, révélant ses nations élues (Pays-Bas, Danemark, Allemagne, Suède, France, Autriche, Angleterre, Espagne) et ses recalées (Norvège, Belgique, Italie, Russie, Suisse, Islande, Portugal, Écosse)…
Des surprises ? Une et demi chez les premières (Autriche et, à un degré moindre, Danemark), une chez les secondes (Norvège).
Les quarts de finale qui seront joués ce week-end (samedi et dimanche) sont alléchants et très indécis.
Penchons-nous sur le premier.

Samedi 18h00

PAYS-BAS – DANEMARK

 

PAYS-BAS

Décevantes lors de l’Euro 2013 (sorties en poule sans aucun but marqué), puis à la CM 2015 au Canada (éliminée en 8e, avec 1 v, 1 n et 2 d), les Néerlandaises avaient ensuite échoué au tournoi qualificatif préolympique des jeux de Rio (2016), présentant à chaque fois un jeu plutôt ennuyeux malgré un effectif de qualité. Elles surprennent cette fois très agréablement. Peu de monde les attendaient à ce niveau de qualité de jeu.

Tout le crédit en revient à la sélectionneuse Sarina Wiegman, nommée à la tête des Oranje il y a seulement six mois et qui a insufflé à l’équipe une approche radicalement différente, basée sur un engagement total et un jeu porté rapidement vers l’avant.

Dans ce système, grande importance est donné aux deux ailières qui ne cessent de mettre le feu dans les défenses adverses depuis le début de cet Euro : Shanice van de Sanden (Liverpool) à droite, Lieke Martens (en partance de Rosengard pour le Barça) à gauche, deux joueuses qui marchent sur l’eau et font admirer vitesse, technique et puissance.

Parfaites rampes de lancement,  trois joueuses règnent sur un milieu très complémentaire : l’hyperactive Jackie Groenen (Francfort), étincelante, la fine Danielle van de Donk (Arsenal) et la puissante Sherida Spitse (Twente).

Derrière, c’est solide, avec la Montpelliéraine Anouk Dekker en tour de contrôle, et surtout la gardienne Sari van Veenendaal  (Arsenal) en grande forme.

La seule interrogation à l’issue de ces matchs de poule concerne Viviane Mediema. La néo-Gunner d’Arsenal (en provenance du Bayern) aux 41 buts en 51 sélections (à 21 ans seulement !), si elle s’est montrée plutôt intéressante dans le jeu, n’a toujours pas marqué, vendangeant même pas mal d’occasions. Est-elle en train de passer à côté de son Euro – sa tâche première étant tout de même de marquer –, comme elle avait raté sa CM 2015 (16 buts en qualifications, mais aucun en quatre matchs de phase finale) ? La première conséquence en est le petit nombre de buts inscrits par son équipe lors de ses trois premiers matchs, malgré de grosses dominations et beaucoup d’impact offensif : 4 buts, dont 2 sur pénalty. Du réveil ou pas de la Mediema-buteuse pourrait dépendre le destin de l’une des deux équipes (avec l’Angleterre) les plus impressionnantes de ce premier tour. Si la jeune Néerlandaise se met à « claquer », sa sélection, portée par un public enthousiaste, sera très difficile à stopper d’ici la finale. La Suède, premier obstacle en quart de finale sur la route d’un triomphe inédit, sera-t-elle en mesure de freiner la vague Oranje ?

Bilan : 3 v : Norvège (1-0), Danemark (1-0), Belgique (2-1).

Buteuses : Spitse (2 pénaltys), van de Sanden (1), Martens (1).

Meilleures joueuses du 1er tour : Martens, van de Sanden, Groenen, van Veenendaal.

SUÈDE

La Suède déçoit, parait-il, beaucoup de (télé)spectateurs. Mais que fallait-il en attendre au juste ? Certes, elle s’est présentée à cet Euro auréolée d’un titre de vice-championne olympique glanée il y a tout juste un an à Rio. Mais que l’on se souvienne du niveau très moyen du jeu pratiqué par la sélection de Pia Sundaghe, essentiellement un bloc défensif hypercompact et efficace (exception faite d’une défaite 1-6 contre le Brésil en poule). Dans le jeu, les Suédoises n’avaient rien montré, éliminant successivement les USA en quart, puis… le Brésil en demie, à chaque fois aux tirs au but (1-1, 4 tab 3, et 0-0, 4 tab 3), après une sortie ric-rac des poules comme deuxième meilleure 3e, avant de s’incliner en finale face à l’Allemagne (1-2). Au final, une médaille d’argent, mais une seule victoire en six matchs contre la modeste Afrique du Sud (1-0), trois matchs nuls et deux défaites, 4 buts pour et 8 contre…

Si l’on voulait bien se pencher sur les matchs de l’année 2017 précédant ce tournoi, on s’apercevait que les Suédoises n’avaient inscrit que 8 buts (dont la moitié contre la seule Russie) en 10 matchs, démontrant une grande difficulté à marquer. A l’inverse, la défense restait solide avec 5 buts pris.

La Suède sera présente en quart – comme prévu – grâce à une victoire sans grand relief contre la Russie (2-0), un nul inaugural très moyen avec l’Allemagne (0-0) et une défaite finale très logique face à l’Italie (2-3). Aucun de ces trois matchs n’a offert une performance accomplie.

Alors, face aux Néerlandaises en pleine forme, sur quoi peuvent s’appuyer les Blågult (Jaunes et Bleues) ? Encore et toujours sur sa défense ? Hedving Lindhal, la gardienne de Chelsea, est devenue l’une des meilleures spécialistes à son poste. Elle peut se reposer sur une charnière centrale de grande qualité, composée de la capitaine de Wolfsburg Nilla Fischer et de celle du MHSC Linda Sembrant. Particulièrement efficace dans les airs, cette paire ne supporte pas d’être séparée, comme on a pu le voir contre l’Italie, où l’absence de la Louve de WOB a pesé très lourd. Car sur les côtés, avec Jessica Samuelsson (Linköpings) et Magdalena Ericsson (Chelsea), sans être mauvais, loin de là, c’est tout de même plus perfectible. Et c’est bien de là que le danger viendra avec les flèches au curare van de Sanen et Martens côté hollandais…

Au milieu, ça ne donne pas – ou plus – toutes les garanties. Si Kosovare Asllani (Manchester City) avait débuté le tournoi de manière très convaincante, elle est passée largement à côté du match contre l’Italie (remplacée à la mi-temps). Son ex-coéquipière du PSG Caroline Seger (OL) ne pèse plus autant qu’avant, et sa lenteur commence à devenir franchement rédhibitoire à ce niveau de compétition. La troisième ex-Parisienne Lisa Dahlqvist n’arrive pas à hausser son niveau de jeu, et Olivia Schough (prononcez Skoog) reste dans la zone moyenne.

Reste l’attaque, composée de la vétéran Lotta Schelin (Rosengard) et la jeune Stina Blackstenius (MHSC). Toutes deux débordent de talent bien sûr, mais se trouvent souvent très isolées, et sans beaucoup d’opportunités. La troisième Montpelliéraine, Sofia Jakobsson, absente du tournoi sur blessure, manque beaucoup.

L’expérience – je serais tenté d’écrire la roublardise – suédoise (et celle de Pia Sundaghe) pourra-t–elle mettre en échec la fougue d’une sélection néerlandaise porté par son public ? Les Suédoises s’apprêtent-elles à nous refaire le coup des J.O. ? Sauf changement de physionomie de jeu pratiqué jusqu’ici par les deux équipes, tout amateur de beau football ne l’espère pas…

Bilan : 1 v (Russie, 2-0), 1 n (Allemagne, 0-0), 1 d (Italie, 2-3).

Buteuses : Schelin (2, dont 1 pénalty), Blackstenius (2).

Meilleures joueuses du 1er tour : Lindhal, Fischer, Asllani, Blackstenius.

Pronostic : Pays-Bas.

Philippe Serve

Présentation d’Allemagne – Danemark