Le groupe A aura donc été comme il se doit le premier à rendre son verdict : triomphe du pays-hôte, les enthousiasmants Pays-Bas avec un carton plein, qualification logique du Danemark, et élimination avec les honneurs de la Belgique, et sans la moindre gloire de la Norvège, plus gros flop jusqu’ici de cet Euro.

BELGIQUE – PAYS-BAS : 1-2 (0-1)
Konig Willem II Stadion (Tilburg)
12 697 spectateurs
Arbitres : Bibiana Steinhaus (Allemagne) assistée de Katrin Rafalski (Allemagne) et Sian Massey (Angleterre).
Buts :
– Sherida Spitse (P-B, 27’ sp) : Jackie Groenen s’enfonce dans la surface de réparation belge sur la gauche. Maud Coutereels vient lui couper la trajectoire en commettant une faute évidente, l’arbitre accorde un pénalty indiscutable. Spitse prend Justien Odeurs à contre-pied, inscrivant son deuxième pénalty du tournoi. 0-1.
– Tessa Wullaert (Belgique, 59’) : A la suite d’une touche côté droit de la surface de réparation néerlandaise, Groenen dégage de la tête le ballon qui atterrit dans les pieds de Tessa Wullaert, excentrée à 20 mètres. Sa frappe (tir ? centre-tir ? centre ?) va superbement lober Sari van Veenendaal juste sous la barre, coin opposé. 1-1
– Lieke Martens (P-B, 74’) : Servie par Groenen, Lieke Martens pénètre dans la surface belge sur la gauche et frappe au but. Son tir est contré par Heleen Jaques et vient lober Odeurs. 1-2.
Avertissements : Dekker (P-B, 32’) – Deloose (Belgique, 54′) – Van de Donk (P-B, 61′) – Miedema (P-B, 72′) – Van der Gragt (P-B, 88′).

Belgique : 1-Justien Odeurs – 22-Laura Deloose, 10-Aline Zeler (cap.), 3-Heleen Jaques, 4-Maud Coutereels (14-Davinia Vanmechelen 46′) – 7-Elke van Gorp (17-Jana Coryn 57′), 8-Lenie Onzia (15-Yana Daniels 76′), 6-Tine De Caigny, 2-Davina Philtjens – 11-Janice Cayman, 9-Tessa Wullaert. Entraîneur : Ives Serneels.
Pays-Bas : 1-Sari van Veenendaal – 22-Liza van der Most, 6-Anouk Dekker, 3-Stephanie van der Gragt, 5-Kika van Es – 14-Jackie Groenen (12-Jill Roord 80′), 10-Danielle van de Donk (17-Kelly Zeeman 75′), 8-Sherida Spitse (cap.) – 7-Shanice van de Sanden, 9-Vivianne Miedema (18-Vanity Lewerissa 86′), 11-Lieke Martens. Entraîneure : Sarina Wiegman.

Le grand derby des plats-pays s’annonçait chaud-bouillant dans un stade plein et à la belle ambiance. Après une entame belge entreprenante motivée par l’obligation de l’emporter, les Néerlandaises prirent le match à leur compte, passant comme toujours beaucoup sur les ailes, et notamment à droite en ce début de match où la super-active Shanice van de Sanden se montrait une fois de plus en feu, alignant petits et grands ponts pour faire tourner ses adversaires en bourrique.
La première occasion surgit à la 11e minute avec un centre de l’ailière droite des Pays-Bas repris au-dessus par Lieke Martens. Trois minutes plus tard, un incident interrompit le match pendant six longues minutes. Au duel aérien, les deux pensionnaires de D1 féminine Anouk Dekker (MHSC) et Maud Coutreels (LOSC) se heurtèrent violemment, tête contre tête. Les cuirs chevelus ouverts, les deux joueuses durent se faire recoudre, la Néerlandaise au vestiaire, la Belge à même le terrain. Elles reprirent courageusement leur place, chacune la tête largement bandée. Les malheurs de la Lilloise n’étaient cependant pas terminés, puisque quelques minutes plus tard elle vint balancer Jackie Groenen en pleine surface, permettant à Sherida Spitse de transformer son deuxième penalty du tournoi et aux Pays-Bas d’ouvrir le score dans l’ambiance que l’on devine (27’).
Malgré une bonne résistance belge, les Pays-Bas continuèrent à globalement dominer le reste de cette première période, surtout grâce au danger permanent apporté par van de Sanden et Martens sur leurs ailes. L’avantage à la pause était logique.
La deuxième période vit une Belgique revenue avec l’intention bien arrêtée de revenir au score et de vendre chèrement sa peau. On vit dès lors beaucoup Tessa Wullaert, assez discrète jusqu’ici et qui commença à faire étalage de toute sa classe. Ce fut elle qui adressa un très bon centre pour la Montpelliéraine Janice Cayman dont la reprise passa au-dessus (56’). Mais deux minutes plus tard, Viviane Miedema rata l’occasion de tuer le match. En bonne position et angle grand ouvert, elle tira directement sur Odeurs (58’). Le temps de remettre en jeu, et la Belgique égalisa avec un but venu d’ailleurs de Wullaert (cf. + haut) dont personne ne peut jurer qu’il ait été volontaire ou pas…
La joie belge qui laissait espérer une issue favorable pour la sélection fut néanmoins de courte durée. Un quart d’heure plus tard exactement, le pays hôte reprenait l’avantage par l’intenable Martens (un festival en deuxième période qui lui vaudra d’être logiquement désignée joueuse UEFA du match), dont le tir fut malencontreusement et légèrement dévié par Heleen Jaques, surprenant et lobant Odeurs (74’)…
Les Belges encaissèrent le coup et les Néerlandaises poussèrent sur le but adverse où ça chauffa. Odeurs réussit une superbe parade sur une tête à bout portant de Miedema. Mais dans les dix minutes de temps additionnel, les Belges reprirent du poil de la bête et firent à leur tour le siège des cages néerlandaises. Van Veneendaal sortit une superbe claquette sur un tir non moins magnifique de Wullaert (91’). Sur le corner, elle fut battue par une tête de Jaques, mais Kika van Es la suppléa du genou sur la ligne (92’) !
Les Pays-Bas l’emportèrent finalement 2-1, se qualifiant, et éliminant du même coup leurs voisines belges.

Trois matchs, trois victoires, carton plein pour les Pays-Bas, avec des contenus de match vraiment convaincants. Une grosse envie, une forme physique impeccable, même si on a senti par moment une légère fatigue affleurer dans ce match, une bloc très solide et des individualités au top de leur forme, de la gardienne Van Veneendaal aux ailières Van de Sanden et Martens, en passant par son milieu de terrain hyper actif Groenen, Van de Donk, Spitse. Seule, Miedema peut être considérée jusqu’ici comme une claire déception. Certes, elle participe intelligemment au jeu, mais elle dont le rôle premier est de convertir en buts les très nombreuses occasions offertes par ses ailières et son milieu, n’a pas encore trouvé le chemin des filets, gâchant de nombreuses occasions. Peut-être le déclic se déclenchera-t-il en 1/4 de finale ? Si oui, cette équipe peut rêver grand et fort. Dans le cas contraire, ce sera plus difficile. Sur les quatre buts marqués, deux l‘ont été sur pénalty. C’est un peu juste.

La Belgique peut rentrer au pays la tête haute, avec fierté et pas mal de regrets. A commencer par celui de n’avoir pas su bien entamer ses matchs contre le Danemark et les Pays-Bas. Car les coéquipières de Janice Cayman ont démontré qu’elles avaient largement le niveau pour leur première participation à une phase finale de grand tournoi. Elles ont toujours terminé fort leur rencontre, preuve à la fois d’une bonne préparation physique, mais aussi d’une force mentale qu’il faut souligner. On regrettera de ne plus voir dans cet Euro la classieuse Louve de Wolfsburg Tessa Wullaert, « notre » Janice Cayman ou la petite pile inusable – mon coup de cœur dans cette équipe – Davina Philtjens.

Meilleures joueuses : Martens, Van de Sanden, Wullaert, Groenen, Philtjens.

NORVÈGE – DANEMARK : 0-1 (0-1)
Stadion De Adelaarshorst (Deventer)
5 885 spectateurs.
Arbitres : Stéphanie Frappart (France) assistée de Petruta Iugulescu (Roumanie) et Mihaela Tepusa (Roumanie).
But :
– Katrine Veje (Danemark, 5’) : Pernille Harder perce dans l’axe, éliminant plusieurs adversaires, avant de servir Veje sur sa gauche. Ma future joueuse du MHSC croise son tir et trompe Ingrid Hjelmseth. 0-1.
Avertissement : Mjelde (Norvège, 90+5′).

Norvège : 1-Ingrid Hjelmseth – 17-Kristine Minde, 11-Nora Holstad Berge, 3-Maria Thorisdottir, 2-Ingrid Moe Wold – 7-Ingrid Schjelderup (18-Frida Maanum 56′), 22-Ingrid Marie Spord (15-Lisa-Marie Utland 79′), 6-Maren Mjelde (cap.) – 10-Caroline Graham Hansen, 4-Guro Reiten – 14-Ada Hegerberg. Entraîneur : Martin Sjögren.
Danemark : 1-Stina Lykke Petersen – 8-Theresa Nielsen, 5-Simone Boye Sørensen, 12-Stine Larsen, 2-Line Røddik Hansen – 15-Frederikke Thøgersen (14-Nicoline Sørensen 78′), 7-Sanne Troelsgaard, 17-Line Jensen, 11-Katrine Veje (6-Nanna Christiansen 90+2′) – 9-Nadia Nadim (19-Cecilie Sandvej 82′), 10-Pernille Harder (cap.). Entraîneur : Nils Nielsen.

On espérait une réaction d’orgueil de la Norvège, toujours vice-championne d’Europe en titre et qui pouvait encore se qualifier malgré ses deux défaites, à condition de l’emporter au moins par deux d’écart, tout en espérant que les Pays-Bas battent la Belgique (ce qui fut fait). On attendait aussi le réveil de la buteuse Ada Hegerberg, si décevante jusqu’ici, et que Caroline Hansen élève encore son niveau d’un cran. Hélas, on ne vit rien de tout ça ! La Norvège a continué de sombrer face à un Danemark plutôt tranquille et sûr de lui. Bien sûr, les Norvégiennes pourront dire qu’il s’en est fallu de peu avec un pénalty de Hansen arrêté par l’excellente Stina Lykke Petersen en fin de première période, puis un enchaînement poteau (Hansen)-transversale (Wold) sur la même action en fin de match. Mais ce serait se cacher derrière de bien mauvaises excuses. La vérité est que cette Norvège a été en-dessous de tout lors de ce tournoi et que son élimination est des plus logiques. Le plus notable restera sans doute cette incapacité à se sublimer, à mettre son âme et ses tripes sur le terrain. Seule, la gardienne Hjelsmeth est à préserver de critiques. Hansen eut des éclaires de brillance indiscutables, mais seulement des éclairs et ne débouchant sur rien.
Le Suédois Martin Sjögren, le sélectionneur, a échoué dans sa tentative à redorer le blason de l’équipe entachée par une Coupe du Monde 2015 peu convaincante et une élimination sans gloire au tournoi-barrage qualificatif aux JO. Il serait étonnant qu’il conserve sa place dans l’optique de la prochaine CM (2019, en France)…

Le Danemark file donc en quarts de finale, et c’est assez logique. La sélection est meilleure qu’il  y a quatre ans, quand elle s’était hissée jusqu’en demi-finale sans gagner le moindre match et en éliminant la France aux tirs au but (avant d’échouer, également aux TaB, face à… la Norvège). Pouvant toujours compter sur le talent de sa gardienne Petersen (décisive en 2013), mais aussi sur un bloc solide, elle bénéficie surtout d’une joueuse de classe mondiale qui, elle, à l’inverse de bien d’autres, tient parfaitement son rôle : Pernille Harder. Reste à savoir si la joueuse de Wolfsburg suffira pour franchir le prochain obstacle, Suède ou Allemagne…

Philippe Serve