RENCONTRE : AU BONHEUR SOURIANT D'ANAÏS
ÉPISODE 3 :
RENCONTRE AVEC UNE JEUNE JOUEUSE DE L'OM,
ANAÏS M'BASSIDJE

Par Philippe Serve

09 juin 2013

En tant qu’observateur du match de l’OM à Mouans-Sartoux, je n’eus guère besoin de temps pour être frappé par la qualité et l’impact d’une joueuse en particulier, Anaïs M’Bassidje.

De fait, les premiers mots que j’inscrivis sur mon carnet de notes furent :

« Numéro 6 : Anaïs »

Cette jeune (19 ans) et grande (1,72m) jeune fille m’impressionna immédiatement par sa technique, sa puissance physique, sa vision du jeu et sa compréhension des modifications tactiques apportées par l’entraîneur. Jouant en sentinelle ou libéro du milieu, juste devant sa défense (placée très haute) et agissant autant comme un essuie-glace que comme première relanceuse et organisatrice du jeu, elle me rappela de suite l’ancien capitaine Frenchie d’Arsenal, Patrick Vieira. Même si le reste de l’équipe se montra fort et totalement digne de confiance, après la sortie d’Anaïs – pour la préserver en vue de la Finale de Coupe de la Ligue à venir sans doute et afin de faire tourner l’effectif – le match ne fut plus tout à fait le même.

Ses coéquipières n’appellent pas Anaïs « Pat », mais… « Adebayor », du nom du grand international togolais… lui aussi un ancien Gunner.

« En fait », explique Anaïs « j’ai commencé comme attaquante, en pointe, c’est mon poste naturel, et ce n’est que récemment, avec l’OM, que je suis utilisée comme milieu de terrain. J’ai pratiqué l’athlétisme pendant huit ans et demie, à la fois comme sprinteuse et en course de fond. Même si j’ai toujours joué au football, les choses sérieuses ont débuté en 2011 quand j’ai intégré l’équipe d’Endoume (proche de Marseille). Un an plus tard, je suis venue à l’OM. »

Ainsi, Anaïs boucle sa première saison sous la tunique blanche. Qu’est-ce que cela signifie d’avoir une telle opportunité, pour une minote, fan de toujours de l’OM ?

« C’est un honneur. Dans le passé, j’espérais toujours voir l’OM avoir son équipe de filles. Alors que cela arrive maintenant et que j’en fasse partie, c’est la concrétisation d’un rêve de petite fille. »

"J'évolue là où on me dit de jouer."

Sous son air juvénile et son large sourire, se trouve de toute évidence une jeune fille mature qui prépare un Certificat professionnel d’Éducation Jeunesse, Populaire et Sportive, Activité Physique pour Tous (BP JEPS APT), afin de devenir éducatrice et de décrocher un Brevet d’État Football. Elle juge la progression de son équipe constante :

« Nous avons beaucoup progressé tout au long de la saison, aussi bien offensivement que défensivement, dans notre manière de construire et développer notre jeu. Le groupe tire partie d’une grande cohésion et l’ambiance est excellente. En ce qui me concerne, je peux dire être heureuse d’avoir été si vite et si bien intégrée dans l’équipe, toutes les filles m’ont super bien accueillie. »

Interrogée sur les spécificités de son poste, elle rappelle qu’il est nouveau pour elle.

« Ma position naturelle est celle d’avant-centre, notamment grâce à ma vitesse. Mais depuis que je joue pour l’OM, je suis devenue une joueuse polyvalente. J’évolue là on l’on a besoin de moi. J’aime jouer au milieu car on peut orienter le jeu. On doit développer cette capacité et posséder une vision permanente de ce qui se passe. »

Quand je lui dis avoir remarqué qu’elle jouait toujours la tête bien levée, elle sourit, heureuse car consciente de l’importance d’une telle attitude sur le terrain.

A 19 ans, son avenir est devant elle. Aimerait-elle devenir joueuse professionnelle si l’occasion se présente ? « Oh oui ! » répond-t-elle sans hésiter, « j’espère que ça arrivera. » Anaïs n’est pas seulement une joueuse, mais aussi une vraie amatrice de football. Elle regarde tous les matches qu’elle peut, ceux des garçons comme ceux des filles, en France comme à l’étranger. J’ai voulu savoir si elle avait une joueuse préférée, qui puisse lui servir d’exemple. Elle rit : « Élodie Thomis, bien sûr ! » (1)

Anaïs M’Bassidjé, un nom à se rappeler, une joueuse à suivre, une fille simple et souriante à apprécier sans retenue.

  1. Comme Anaïs, l’internationale Élodie Thomis pratiqua plusieurs années le sprint et la course de fond avant de se consacrer au football.

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Source photo: om1899.com